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Dossier thématique

Servir avec le cœur

On y passe la porte pour passer un joyeux moment, sans se presser. Le Café Joyeux de Nantes emploie dix personnes dont sept en situation de handicap mental et cognitif. Accompagnés par des "skippers" dont Arthur, six "équipiers" tournent sur tous les postes : service, cuisine, encaissement, plonge. Un format équipage qui convient parfaitement à Thelma.

La vie ainsi. 

Chacun à son poste pour que le bateau avance bien. Un bateau de couleur jaune, « hors norme, avec des gens extra-ordinaires » (au sens propre du terme), indique Arthur, le manager du lieu nantais. Ce Café Joyeux n’est pas un concept marketing, c’est une aventure partagée, que Thelma a choisi d’opter début 2023. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne fait pas les choses à moitié : préparer, servir, elle le fait avec le cœur comme c’est écrit sur sa tenue. « J’aime ce que je fais », tout le reste, son sourire le raconte sans besoin de prononcer un mot. Et Arthur de préciser : « On est dans le milieu ordinaire, on accueille une clientèle alors on ne fait l’impasse ni sur la qualité de ce que l’on propose, ni sur l’accueil. Tout est une question d’équilibre ».

Le projet. 

Le Café Joyeux répond à un sujet de société primordial, le travailler ensemble, à l’heure où les personnes en situation de handicap mental et cognitif sont, en effet, deux à trois fois plus touchées par le chômage que le reste de la population. « Dans un monde où sur le plan économique, il faut toujours aller plus vite, on va exclure des personnes sous prétexte qu’elles sont un peu différentes ? Et quelque part, on ne leur donne pas leur chance », déplore Arthur. Observer Thelma, et ses collègues, est la preuve vivante qu’avec de la bienveillance et de l’exigence aussi, tout est possible. Un vrai projet, une autre vision de l'entrepreunariat, plus humaine et solidaire. « L’idée n’est pas de faire du profit, mais de viser l’équilibre ». D’ailleurs les bénéfices de l’enseigne se destinent à un fonds de dotation à but non-lucratif.

Un rêve. 

Celui du commun des mortels d’abord. Entrer ici sans s’étonner de quoi que ce soit, prendre un verre ou un goûter sans interprétation curieuse d’un monde nouveau. Pour Arthur, le rêve serait de faire des émules, de « continuer à apprendre de mes équipiers, et inversement, que cette aventure puisse tordre le cou à ces raisonnements qui placent la rentabilité et la performance au centre de tout ». En cela, le mouvement des Cafés Joyeux est un défi économique. Un jour dans le parcours de Thelma, elle se sentira capable de « voler de [ses] propres ailes. Une colocation, une autonomie complète... » Et la vie qui va avec.