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Dossier thématique

Passer le cap du handicap

Elles sont toutes les trois arrivées avec le sourire aux lèvres. Amanda (16 ans, en classe de Seconde) Elyna (16 ans, Première) et Orlane (19 ans, Terminale). Trois niveaux, trois handicaps différents et une seule et même envie de casser les codes. Elles y arrivent tous les jours, dans leur lycée des Bourdonnières, au sud de Nantes.

La vie ainsi. 

Des hauts, des bas, des difficultés au quotidien en raison de handicaps physiques lourds, où la dépendance des autres est quotidienne, pour ne pas dire à chaque instant. De la fierté aussi, d’avoir quitté les cocons familiaux, depuis le département du Cher, d’Angers ou de Saumur. « Pour vivre nos vies, nos aventures du quotidien » disent-elles. Ici, dans ce lycée où l’inclusion a largement dépassé le stade du projet. Depuis près de 40 ans, l’établissement est engagé dans la scolarisation d’élèves en situation de handicap physique, moteur et sensoriel (déficiences visuelle et auditive), des élèves touchés par des troubles des apprentissages. Une scolarisation individuelle en milieu tout à fait ordinaire.

Le projet. 

C’est à l’internat, entre les cours, les séances médicales et autres occupations quotidiennes que les trois jeunes filles se sont retrouvées autour du chocolat, de la farine, du sucre et des cuissons adaptées. « On a eu l’idée de faire des gâteaux, des gaufres, et de les vendre au sein du lycée. Grâce aux sous collectés, on réussit à financer des sorties culturelles », explique Orlane. « C’est notre façon d’aller vers les autres, car c’est souvent l’inverse que les personnes en situation de handicap attendent. De cette manière, je pense que l’on a réussi à s’imposer ». Elyna poursuit : « C’est aussi un apprentissage sur le budget, sur notre capacité à devenir autonome ». Des gâteaux, mais aussi une fois par mois des ateliers cuisine, « des moments de partage dans la bienveillance ».

Un rêve. 

Aucun sujet tabou pour ces jeunes lycéennes. Amanda dit répondre à « toutes les questions des élèves valides. Parfois il y a de l’ignorance, parfois c’est un manque de maturité. Mais à aucun moment, l’idée est de rester dans sa bulle ». Le regard des autres, elles le dépassent avec de l’humour, de l’ouverture, « nous sommes en accord avec nous même, c’est comme ça que nous arrivons à vivre et à être heureuse » (Elyna). Amanda parvient chaque jour à se réjouir de « petites choses, de petites victoires », en dépit de la maladie qui progresse. Orlane ambitionne une vie professionnelle riche et Elyna entend « vivre cette vie de galère, c’est une vie qui me plait. J’ai une sœur jumelle, chacune est là l’une pour l’autre, on est complémentaires ».